Aperçu historique du Conseil

1/L'Islam en Belgique

La Belgique, pays au cœur de l'Europe n'avait, sans doute, connu l'Islam qu' au début du XX siècle, avec la première guerre mondiale 1914 / 1918. En effet, selon certaines sources, la communauté musulmane comptait , en 1928, 5751 membres sur une population totale de 7.874.601, soit moins de 1% de la population totale.

Cependant, la véritable histoire de l'Islam en Belgique n'a commencé qu'aux lendemains de la deuxième guerre mondiale 40/45, lorsque dans le cadre d'une politique de reconstruction économique et démographique, le gouvernement belge avait sollicité et encouragé une immigration originaire des pays musulmans, essentiellement de la Turquie et du Maroc. L'attachement de cette communauté à ses valeurs et principes religieux l'a amenée à la création de lieux de rassemblement et de prière. Mais, malgré son importance numérique, (quelques 350.000 membres à la fin des années quatre-vingt, aujourd'hui près de 500.000, la 2ème communauté religieuse du pays), cette communauté se trouve la plus marginalisée.

La reconnaissance officielle, en 1974, des administrations de gestion du temporel du culte islamique, par la Loi belge, n'aura pas donné de souffle nouveau à l'Islam en Belgique. Les quelques 240 mosquées éparpillées sur le sol belge, créées et gérées avec les maigres revenus des immigrés de la première génération étaient restées durant plus de 15 années les seules institutions qui marquaient la présence de musulmans dans ce pays . Elle ne disposait d'aucun autre patrimoine de valeur (écoles, hopitaux, syndicats, mutuelles, partis politiques, banques, ...); ce qui lui a valu le manque d'intérêt de la part des autorités et la perte de ses droits.

2/ L'institutionnalisation de l'Islam

Le 19/7/74 marque une date importante. En ce jour, le Parlement belge a reconnu officiellement et à l'unanimité, le culte islamique parmi les cultes reconnus. Cette reconnaissance a permis aux jeunes enfants musulmans de pouvoir suivre les cours de religion islamique dans les écoles publiques, à partir de l'année scolaire 1975/76, le seul acquis durant plus de 20 ans. Le 3 mai 1978, un arrêté royal a défini les modalités pratiques pour la mise en place de l'institution représentant les musulmans de ce pays et qui leur permettrait de recouvrer leurs droits légaux. Celui-ci avait rencontré un manque de maturité chez ses interlocuteurs tel qu'il n'a pu être suivi d'effet. Les années 80 avec, parfois, leurs événements tragiques (la révolution iranienne en 1979, l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique, l'affaire Rushdie et l'assassinat du directeur du centre islamique de Bruxelles,... ) ont ébranlé notre communauté qui s'est vue contrainte de s'organiser.

3/ La naissance du Conseil

Le 13 janvier 1991, date historique pour l'Islam dans l'Europe d'aujourd'hui; la communauté musulmane de Belgique élit ses représentants au suffrage universel, comme le prévoyait l'arrêté royal du 3 mai 1978 sus-indiqué. Cependant, cette naissance a eu lieu dans des circonstances très peu favorables:

  1. l'opposition des autorités belges à la création de cette institution et les différentes intimidations tous azimuth avaient découragé beaucoup d'électeurs de se rendre aux urnes (26.000 votants au lieu des 32.000 inscrits au début du processus et 82 sièges au lieu des 91 initialement prévus, par manque de candidats dans certaines provinces ):

  2. La nouveauté de l'institution et l'absence de statuts et d'objectifs clairs avaient permis la cohabitation d'ambitions diverses et d'objectifs parfois contradictoires : de ceux qui attendaient une fonction lucrative à ceux qui pensaient acquérir un prestige en passant par ceux, plus sincères peut- être, qui, affectés par l'état de désintégration de notre communauté, pensaient enfin trouver l'occasion de remettre un peu d'ordre dans ses affaires. La déception des uns et des autres était telle que dès la première année de son existence, le Conseil avait perdu près du 1/5 de son effectif, pour des raisons essentiellement matérielles. En effet, pour assurer la survie de cette jeune institution sans ressources, le Conseil a dû imposer à tous ses membres:

4/ Bilan du premier Conseil Supérieur

Influencé par l'hostilité des autorités, le Conseil Supérieur avait orienté son action, dès ses débuts, vers la reconnaissance officielle, de telle sorte que le premier acte entrepris fut la rédaction d'une lettre de présentation à destination du Ministre de la Justice d'alors, Mr Melchior Wathelet. Malgré l'absence de consensus sur ce point, le Conseil Supérieur avait fait de ce sujet son objectif prioritaire, et tout le reste relégué au second plan.

Cette stratégie, élaborée avec la bénédiction de la Communauté, avait produit ses effets: des avantages et des inconvénients.

  1. A son actif, l'ouverture, au compte-gouttes, des autorités à la résolution du problème de la représentativité officielle de la communauté musulmane , ayant amené progressivement à la démission du Conseil des Sages , organe sans compétences ni légitimité, puis à son remplacement par des organes successifs, éphémères les uns que les autres, sans véritables moyens de fonctionnement, et finalement vers la mise en place du processus électoral en cours en vue de l'installation d'un "organe chef de culte " reconnu.
  2. A son passif, la marginalisation par le Conseil Supérieur des conseils provinciaux dont certains n'ont jamais pu se constituer malgré l'existence de membres. Ne voyant ni activités apparentes ni reconnaissance, la Communauté s'est désolidarisée de son Conseil. Malgré le soutien verbal massif manifesté à différentes occasions, l'aspect financier a révélé un effritement croissant des relations entre le Conseil et sa base.

Conclusion

Après 8 années d'intenses activités, la stratégie adoptée commence à aboutir, non sans dommage bien sûr. La mise en place de l' "Organe Chef de Culte" s'est concrétisée. Les élections ont bien eu lieu le 13 décembre 1998 c'est-à-dire tout juste un mois avant le 8ème anniversaire de la date historique du 13 janvier 1991. Néanmoins, si le volet officiel sera, du moins espérons le, résolu ; notre communauté n'aura pas pour autant résolu le manque d'organisation dans ses rangs, ni la mise en place de l'infrastructure et du patrimoine cités ci-avant. L'existence d'institutions indépendantes, oeuvrant pour l'unité de la Communauté et de sa mise en valeur, reste toujours d'actualité plus que jamais.