Le vent de la liberté a soufflé sur la Tunisie

Date de publication : 15-01-2011  

Le poète tunisien, du début du siècle passé, Aboul-Kacim Echchabbi (que son âme repose en paix) dit:


(descendez vers le bas de la page SVP!)



























































فَلا بُدَّ أنْ يَسْتَجِيبَ القَـدَر إذا الشّعْبُ يَوْمَاً أرَادَ الْحَيَـاةَ
وَلا بُدَّ للقَيْدِ أَنْ يَـنْكَسِـر وَلا بُـدَّ لِلَّيـْلِ أنْ يَنْجَلِــي
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رَكِبْتُ الْمُنَى وَنَسِيتُ الحَذَر إذَا مَا طَمَحْـتُ إلِـى غَـايَةٍ
وَلا كُبَّـةَ اللَّهَـبِ المُسْتَعِـر وَلَمْ أَتَجَنَّبْ وُعُـورَ الشِّعَـابِ
يَعِشْ أَبَدَ الدَّهْرِ بَيْنَ الحُفَـر وَمَنْ لا يُحِبّ صُعُودَ الجِبَـالِ
وَضَجَّتْ بِصَدْرِي رِيَاحٌ أُخَر فَعَجَّتْ بِقَلْبِي دِمَاءُ الشَّبَـابِ
وَعَزْفِ الرِّيَاح وَوَقْعِ المَطَـر وَأَطْرَقْتُ ، أُصْغِي لِقَصْفِ الرُّعُودِ
……………………………………………………
" أَيَـا أُمُّ هَلْ تَكْرَهِينَ البَشَر؟" :وَقَالَتْ لِيَ الأَرْضُ - لَمَّا سَأَلْتُ
وَمَنْ يَسْتَلِـذُّ رُكُوبَ الخَطَـر "أُبَارِكُ في النَّاسِ أَهْلَ الطُّمُوحِ
وَيَقْنَعُ بِالعَيْـشِ عَيْشِ الحَجَر وأَلْعَنُ مَنْ لا يُمَاشِي الزَّمَـانَ
وَيَحْتَقِرُ الْمَيْتَ مَهْمَا كَـبُر هُوَ الكَوْنُ حَيٌّ ، يُحِـبُّ الحَيَاةَ
وَلا النَّحْلُ يَلْثِمُ مَيْتَ الزَّهَــر فَلا الأُفْقُ يَحْضُنُ مَيْتَ الطُّيُورِ
لَمَا ضَمَّتِ المَيْتَ تِلْكَ الحُفَـر وَلَـوْلا أُمُومَةُ قَلْبِي الرَّؤُوم


Si le peuple, un jour, choisit la vie
le destin n'aurait plus qu'à exaucer sa volonté
la nuit n'aurait plus qu'Ă  se dissiper
et les chaînes qu'à se fracasser

Une fois que j’aspire à un objectif
Je prends l’espoir comme véhicule et j’oublie toute précaution
Et je n’évite pas les difficultés des vallées
Ni le danger des flammes qui se consument.

Quant à celui qui n’aime pas l’ascension des montagnes
Passera toute sa vie entre les trous
Les sangs des jeunes murmurent dans mon cœur
Et dans ma poitrine rugissent d’autres vents
Et j’ai tendu l’oreille, écoutant le grondement des tonnerres
Le chant des vents et le bruit de la pluie.

Et la terre m’a dit, lorsque j’avais interrogé :
Ô mère ! Détestes-tu les humains ?
Je bénis, parmi les humains, les ambitieux
Et ceux qui se plaisent Ă  prendre les risques
Et je maudis ceux qui n’évoluent pas avec le temps
Et ceux qui se satisfont, dans leur vie, de celle de l’âge de pierres
L’univers est vivant et aime la vie
Et il dévalorise le mort quelle que soit sa grandeur.
Ni l’horizon ne prend soin des oiseaux morts
Ni les abeilles ne sucent les fleurs mortes.
Et si ce n’est l’affection de mon cœur si tendre
Le mort ne saurait ĂŞtre accueilli par ces tombes.

Ce sont là des extraits, traduits par nos soins, du poème du jeune poète tunisien révolutionnaire Aboul-Kacim Echchabbi, qui n’a pas connu la révolution de janvier 2011 ayant libéré son pays du joug de la dictature, mais qui, par ses idées, y avait participé en semant les premières graines de l’amour de la liberté et de la vie dans la dignité. Malgré que l’auteur ait vécu au début du vingtième siècle et ait rejoint l’autre monde, très tôt, après ses vingt cinq printemps, les valeurs qu’ils avaient léguées à son peuple et à sa nation, à travers ce poème et d’autres, montrent qu’il était un grand homme. Le contexte de la colonisation française de son pays et des injustices qui en résultaient avaient fait de lui un grand, malgré son jeûne âge. Sa longue maladie qui l’avait emporté très tôt ne l’avait nullement empêché de s’investir dans le combat de l’injustice et le refus de l’humiliation.

Beaucoup de nos frères et sœurs se sont accoutumés à l’humiliation et à l’injustice et les considèrent, de fait, comme une fatalité. C’est le destin dirait-on ! Notre poète s’insurge contre cette vision biscornue et démontre que la vie est pour les vivants et non pour les morts. Lorsqu’un peuple manifeste sa volonté pour la vie, le destin ne peut que suivre et répondre à son souhait s’il est sincère. Quant à la sincérité, elle se manifeste dans les faits par le combat pour la justice et le déploiement de tous les sacrifices nécessaires. C’est ce que les tunisiens ont prouvé durant quatre semaines qui, finalement, ont été couronnées de succès et la fuite du dictateur, après ses vaines tentatives de sauver ce qui restait de son navire en perdition.



Ben Ali 2009, le meilleur choix pour la poursuite de l’action
Merci à vous, Monsieur le Président, d’avoir accepté de
déposer votre candidature pour les présidentielles de 2009
et nous sommes à vos cotés pour
la fierté de la Tunisie et son développement.



Les multiples apparitions du dictateur et les concessions qu'il s'était vu contraint de céder et les larges promesses de création de centaines de milliers d'emplois pour les jeunes, de liberté de la presse et de tous les media, y compris l'Internet et même de ne plus se représenter pour un autre mandat à la présidence, n'ont montré qu'un régime à l'agonie en train de tirer ses dernières cartes. Le peuple lui avait répondu par la fermeté: "Ce n'est que maintenant que tu réalises ces nécessités, après 23 ans de règne sans partage?" A l'agonie, tout repentir est rejeté. Ainsi, avait réagi un autre dictateur dans l'histoire. Pharaon, lors de sa noyade, déclare se soumettre à Dieu, comme nous le rapporte le Coran en ces termes:

وجاوزنا ببني إسرائيل البحر فأتبعهم فرعون وجنوده بغيا وعدوا،
حتى إذا أدركه الغرق قال آمنت أنه لاإله إلا الذي
آمنت به بنو إسرائيل، و أنا من المسلمين

Et Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d'Israël. Pharaon et ses armées
les poursuivirent avec acharnement et inimitié. Puis, quand la noyade l'eut atteint. il dit :
"Je crois qu'il n'y a d'autre divinité que Celui en qui ont cru les enfants d'Israël.
Et je suis du nombre des soumis".


La réponse lui vient immédiatement:

آلآن، وقد عصيت قبل وكنت من المفسدين؟
فاليوم ننجيك ببدنك لتكون لمن خلفك آية

[Dieu dit] : Maintenant ? Alors qu'auparavant tu as désobéi
et tu as été du nombre des corrupteurs !
Nous allons aujourd'hui Ă©pargner ton corps, afin que
tu deviennes un signe Ă  tes successeurs.


Et les successeurs, dans le monde arabo-musulman, sont malheureusement très nombreux. La leçon va t-elle être comprise par les autres régimes similaires, et surtout à temps?

Et les peuples comprendront-ils, finalement, que leur liberté et leur dignité sont à la portée de leurs mains? Dès qu'ils les revendiqueront, avec insistance, ils les obtiendront.

Notre religion condamne la résignation à l’humiliation et à la perte de la dignité humaine. Ainsi, le Coran met en garde les musulmans, en ces termes :


إن الذين توفاهم الملائكة ظالمي أنفسهم قالوا : فيم كنتم قالوا كنا مستضعفين في الأرض
قالوا : الم تكن أرض الله واسعة فتهاجروا فيها
فاولئك مأواهم جهنم وساءت مصيرا


Ceux qui ont fait du tort à eux mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant :
"Où en étiez-vous ?" (à propos de votre religion) –
"Nous Ă©tions impuissants sur terre", dirent-ils.
Alors les Anges diront : "La terre de Dieu n'Ă©tait-elle pas assez vaste
pour vous permettre d'Ă©migrer ?" VoilĂ  bien ceux dont le refuge et l'Enfer.
Et quelle mauvaise destination !

Aujourd’hui, le peuple tunisien peut savourer sa victoire tout en continuant la lutte avec une grande vigilance afin que sa victoire ne lui soit pas volée et détournée à d'autres fins. Ce victorieux peuple doit éprouver une grande fierté d’avoir été le précurseur, dans le monde arabe et musulman, à rejeter la dictature qui l’avait avili durant plusieurs décennies, avec des moyens pacifiques. Un peuple qui fait tous les sacrifices pour vivre sa dignité mérite tous les honneurs.

Les dictatures arabes sont parmi les dernières, sur la planète, à continuer à vivre dans une époque révolue; faisant fi à l’évolution du temps et au développement des nouveaux moyens que la technologie met à la disposition des peuples. Ceux-là, ne laissent plus aux despotes beaucoup de marge de manœuvre pour museler leurs peuples et les empêcher de profiter des expériences des autres nations dans la reconquête de leur liberté.



Grande manifestation Ă  Tunis,
le vendredi 14 janvier 2011,
le jour de la fuite du dictateur.


La Tunisie a eu l’honneur de donner le coup d’envoi. Le premier domino est tombé ; les autres vont-ils suivre ? Tous les indices ne font que l'affirmer, mais à quelle cadence cela se produira-t-il ? Cela dépend de la volonté des peuples à l’émancipation et nullement du destin. En tout cas, beaucoup de pays se portent candidats à la compétition. Lequel gagnera la place numéro 2 ? L’avenir nous apportera plus de précision.

En tout cas, toutes nos félicitations au peuple tunisien pour sa place de tête du peloton, au niveau arabe, pour le rejet des régimes totalitaires désuets.

N'oublions pas non plus ceux et celles qui ont sacrifié leurs vies pour que les autres retrouvent leur liberté et leur dignité! Qu'Allah (Ta'aalaa) accueille leurs âmes au paradis et qu'Il les agrée parmi les martyrs qui n'auront pas à s'inquiéter de leur sort dans l'au-delà!

A ceux qui ont subi des sévices dont ils continuent de souffrir, qu'Allah leur accorde Sa miséricorde en allégeant leur souffrance, en leur octroyant la guérison de tous leurs maux et en leur accordant la récompense qui mérite avec leurs sacrifices.

Sachons, enfin, que tous ces événements font parti des épreuves que nous endurons durant notre vie et qui nous permettent de nous élever en grade ou de nous rétrograder, comme il est précisé dans l'article :

http://www.csmbnet.org/Publications/LirePublication.php?Id=52

Auteur : Mohammed Said


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