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L’adieu qui convient Ă un criminel de guerreDate de parution: 15-12-2008 Un geste qui rĂ©sume l'opinion de tout un peupleAUTEUR: Abdelbari ATWAN عبد الباري عطوان Traduit par Tafsut AĂŻt Baamrane Au bout de six annĂ©es d’occupation de l’Irak, la visite d’adieu du prĂ©sident US, le « libĂ©rateur » Ă©tait censĂ©e ĂŞtre publique, au milieu d’un concours gigantesque de peuple « libĂ©rĂ© ». Il aurait Ă©tĂ© encore mieux que tous ces gens s’alignent le long de la route allant de l’aĂ©roport au Square Ferdaous, au centre de Bagdad., en brandissant des drapeaux US et en dansant au son de la musique pour exprimer leur gratitude pour ce brave hĂ©ros amĂ©ricain qui a « libĂ©rĂ© » leur pays. HĂ©las ! Rien de tout cela ne s’est produit. Le prĂ©sident US est arrivĂ© discrètement Ă Bagdad, au milieu d’un dispositif de sĂ©curitĂ© verrouillĂ©, sans pouvoir quitter la Zone Verte. Et nous doutons que MM. Al Maliki, le Premier ministre, et Jalal Talabani, le prĂ©sident aient Ă©tĂ© prĂ©venus Ă l’avance de la visite. Au contraire, ils ont Ă©tĂ© pris par surprise, comme lors des visites prĂ©cĂ©dentes. L’affaire du lancer de chaussures sur Bush « Je suis entrĂ©e dans l’histoire » Les Irakiens n’ont pas accueilli le prĂ©sident Bush avec des roses et des danses dans les rues, mais avec…des chaussures, comme l’a fait un journaliste couvrant (Ă sa façon) la visite, venu assister Ă la confĂ©rence de presse de Bush et Al Maliki. Ce dernier a dĂ©crit d’abondance toutes les « nobles actions » rĂ©alisĂ©es par Bush depuis l’occupation du pays. Utiliser ses « chaussures » pour exprimer une opinion est un acte Ă©trange et pas du tout professionnel, de l’avis de nombreuses personnes, surtout de la part d’un journaliste, mais le geste est en soi comprĂ©hensible si l’on sait que ce journaliste ressent les frustrations et l’oppression crĂ©Ă©es par la dĂ©gradation de la situation du pays et le martyre de plus d’un million d’enfants et de proches, provoquĂ©s par ce « libĂ©rateur » US. L’Irak nouveau chantĂ© par le prĂ©sident Bush s’est transformĂ© en fosse commune et en champ de tueries, de pillage, de spoliation. 5 millions d’Irakiens ont fui sa dĂ©mocratie prospère et son brillant inventaire des droits humains. Ce mĂŞme inventaire que M. Talabani a glorifiĂ© de manière boursouflĂ©e dans le discours prononcĂ© en prĂ©sence de son hĂ´te US. M. Talabani, le leader gaucho-socialiste qui a vĂ©cu deux Ă©poques historiques, a dĂ©crit ainsi le prĂ©sident Bush : « C’est un grand ami du peuple irakien. Il nous a aidĂ©s Ă libĂ©rer notre pays…Il a fait un usage courageux de sa position dirigeante…On a une dĂ©mocratie et des droits humains…La prospĂ©ritĂ© se rĂ©alise peu Ă peu… » Et si c’est ce grand et brave ami-lĂ qui a ravagĂ© le pays, tuĂ© des milliers de gens de son peuple, fait fuir un quart des Irakiens Ă l’intĂ©rieur et Ă l’extĂ©rieur du pays, ramenĂ© la guerre civile dans le pays, instaurĂ© un confessionnalisme abominable, fait de l’Irak le pays le plus ruinĂ© du monde, alors que pourrait faire de pire un ennemi ? Avec un ami pareil, on n’a pas besoin d’ennemis, comme dit le proverbe anglais. Mais oĂą est donc la bravoure quand on envahit le pays le plus anciennement civilisĂ© du monde, après l’avoir assiĂ©gĂ© pendant plus de 13 ans, lui interdisant d’importer jusqu’à des crayons, sans parler d’armes et de munitions, et tout cela sans base lĂ©gale, en violation flagrante du droit international ? C’est vrai que M. Bush est un ami de MM. Talabani et Al Maliki. Il est un ami de tous les complices qui ont facilitĂ© l’invasion de leur pays par la manipulation et le mensonge envers le peuple irakien. Ils ont Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©s par le maĂ®tre US qui les a mis au pouvoir, mais il n’est absolument pas un ami du peuple irakien, de la majoritĂ© de ses fils et filles honorables. Cette majoritĂ© a une histoire glorieuse de rĂ©sistance aux envahisseurs et elle a toujours soutenu la cause de l’Oumma arabo-musulmane. Le journaliste irakien qui a jetĂ© ses chaussures sur le prĂ©sident irakien, mĂŞme si on n’est pas d’accord avec sa mĂ©thode, n’a fait qu’exprimer la conviction de la majoritĂ© silencieuse, broyĂ©e et brĂ»lĂ©e par le chaos qui menace sa vie et sa sĂ©curitĂ© : il n’y a ni eau ni Ă©lectricitĂ© ni travail dans un pays considĂ©rĂ© comme l’un des plus riches du monde en ressources naturelles et en cerveaux crĂ©atifs. Salle de presse « Prière d’enlever vos chaussures avant d’entrer dans la salle » Ce journaliste est avant tout un citoyen empli de zèle envers son peuple et il n’a fait que ce que font ses semblables tous les jours en Occident, quand ils protestent contre les responsables de leur pays, quand ils jettent de oeufs pourris et des tomates. Le prĂ©sident Bush n’est pas mieux que Blair et son vice-Premier ministre John Prescott ou autres (la liste est longue). Ce qui est regrettable, c’est que ce prĂ©sident, rejetĂ© par ses propres citoyens qui ont refusĂ© avec mĂ©pris d’élire le candidat de son parti Ă la dernière l’élection prĂ©sidentielle, ne trouve un bon accueil que chez les dirigeants arabes, alors que partout ailleurs il est accueilli par des manifestations hostiles. Si on donnait aux Irakiens ordinaires la possibilitĂ© d’exprimer leurs sentiments Ă l’égard de Bush comme les autres peuples, ils jetteraient leurs chaussures, car il mĂ©rite d’être humiliĂ© bien pire que par des jets de chaussures. La punition mĂ©ritĂ©e par le prĂ©sident Bush et tous ses complices dans le gĂ©nocide irakien - responsables US et irakiens -, c’est d’être jugĂ©s comme criminels de guerre par un tribunal Ă©quitable, en prĂ©sence de toutes les victimes irakiennes et de leurs familles, que ce soit ceux qui ont subi toutes formes de tortures et d’abus sexuels Ă Abou GhraĂŻb ou les martyrs des bombes Ă fragmentation, des bombes Ă l’uranium appauvri et autres armes prohibĂ©es, Ă Falloujah, Ă Bassorah ou Al QaĂŻm, ou des balles US des forces occupantes dans tout l’Irak. Nous ne nous associons pas aux excuses prĂ©sentĂ©es par certains journalistes irakiens au prĂ©sident US pour ce qu’a fait leur collègue. S’il y a quelqu’un qui doit s’excuser auprès du peuple irakien, c’est le prĂ©sident US, pour le sang qu’il a fait couler. Au lieu de cela, il est venu en Irak pour demander reconnaissance et rĂ©compense. Ce collègue irakien n’a fait que pratiquer la libertĂ© d’expression, et avec les moyens qui lui semblaient convenir Ă ce prĂ©sident assassin et criminel. Il y a six ans, les tĂ©lĂ©visions arabes et autres ont diffusĂ© avec extase les scènes de la « libĂ©ration amĂ©ricaine du grand peuple irakien ». Elles ont montrĂ© en boucle une image d’un Irakien frappant un portrait du prĂ©sident Saddam Hussein avec sa chaussure, au milieu de la jubilation des bernĂ©s et des manipulĂ©s. Des Irakiens frappant la statue de Saddam avec leurs chaussures, après la chute de Baghdad en avril 2003 L’histoire se rĂ©pète : beaucoup d’Irakiens rendent hommage Ă leur prĂ©sident martyr Saddam Hussein en frappant le prĂ©sident Bush en chair et en os et non son portrait. Ce journaliste, qui reprĂ©sente le vrai visage de l’Irak, a donnĂ© Ă voir au monde entier ce que pense son peuple des « libĂ©rateurs » et de leurs complices. Le journaliste irakien Mountadhar Al-Zaydi lance ses chaussures sur Georges Bush, prĂ©sident des USA, en pleine confĂ©rence de presse Ă Baghdad, le 14 dĂ©cembre 2008. Animation du site http://blog.wired.com Mountadhar Al-Zaydi, le lion qui a osĂ© humiliĂ© le criminel de guerre Bush, avec ses chaussures. Auteur : Abdelbari ATWAN Ne soyez pas passif, réagissez ŕ cet article, en ajoutant votre commentaire Copyright © CSMB 2010 |