Quel héritage pour l’année nouvelle ?

Date de publication : 31-01-2018  

    L’année 2017 s’est terminée tout comme elle s’était annoncée à la fin de l’année 2016. C’était, en quelque sorte et d’une manière logique, le prolongement de celle-là. Les évènements exceptionnels éventuels et qui auraient pu lui attribuer un certain vent d’optimisme ne s’étaient malheureusement pas produits.

    Cette année pourrait être qualifiée de l’année de Donald Trump, par excellence. Le 45ème président des Etats Unis qui venait de sortir des urnes juste quelques mois plutôt a pris ses fonctions le 20 janvier 2017.



    L’arrivée à la Maison Blanche d’un homme d’un autre âge, aux multiples facettes toutes antipathiques tant les unes que les autres, n’a nullement permis à cette année-là de rentrer dans les annales de l’histoire par une porte honorable. Néanmoins, celle-ci aura été, au moins, le témoin de l’échec du verdict des urnes au sein de la plus grande démocratie du monde. En effet, malgré les vertus incontestables de ce mode d’élections, il n’empêche qu’il ait son revers de médaille. Adolphe Hitler ne devait-il pas son ascension à ce mode de scrutin ?

    Son racisme, sa haine, son orgueil, sa méchanceté, l’absence d’expérience politique, son sexisme parmi tant d’autres déviances et qui s’étaient déjà dévoilés durant la campagne électorale n’ont pas été suffisants pour arrêter l’ascension d’un homme très controversé, même au sein de son propre parti. Dès sa victoire et son installation sur le prestigieux siège lui permettant de contrôler le monde, il commence à exhiber ses griffes de rapace surtout à l’égard des proies faciles, les plus faibles ne bénéficiant d’aucune protection ni défense susceptible de dissuader un prédateur féroce.

    Une seule année de pouvoir aura été suffisante pour voir l’ampleur des dégâts provoqués par une machine présidentielle très destructrice et qui se révèle très incompétente à diriger un pays si important. Avec un bilan déjà très catastrophique tant à l’échelle interne qu’à l’internationale, l’année 2018 s’annonce celle de tous les dangers.



    Donald Trump, le nouveau président des Etats-Unis
    en colère contre des journalistes.


    Par ses mesures racistes et sexistes, sur le plan interne, le président se retrouve de plus en plus contesté par des millions d’américains, même de la part de ceux qui avaient, à un moment ou un autre, cru à un changement positif de la politique américaine. La déception est grande auprès d’une grande partie de la population, surtout de la part des cibles confirmées des nouveaux chefs, à savoir les immigrés, légaux ou non, les musulmans, les hispaniques et la population noire qui subissent une rage sans précédent de la part de la nouvelle administration. Les uns sont menacés d’expulsion, d’autres d’interdiction de rentrer sur le territoire et d’autres encore de se retrouver derrière un mur qu’ils devaient en plus financer. La couverture sociale permettant à quelques millions de citoyens déshérités de se faire soigner se retrouve attaquée.





    Manifestation contre la
    victoire de Donald Trump.

    Les conséquences de cette politique irresponsable ne se sont pas fait attendre. L’anarchie sans précédent caractérisant une équipe au pouvoir complètement désorientée a été marquée par une instabilité record des différents collaborateurs à leurs postes de même que par des contradictions fréquentes entre les déclarations des ministres et celles de leur chef (le Président). Ceci a constitué une marque déposée de la présidence Trump. Le désaveu exprimé, depuis ou même avant son intronisation, tant par les multiples manifestations de rue, presque quotidiennes, ayant jalonné les premiers mois de son mandat que par les démissions en cascade des collaborateurs de la nouvelle administration. Une année après, la stabilité n’est encore pas acquise.

    Jamais une administration américaine ne s’est retrouvée dans une pareille tourmente. A cela s’ajoute la menace qui pèse sur la famille politique du Président, à savoir « les Républicains », à cause des divisions sans précédent en son sein et qui n’ont jamais été si apparentes. Selon les prévisions, une grande débâcle les attend aux élections de mi-mandat de 2018.



    C’est surtout sur le plan international que les dégâts sont les plus spectaculaires et les plus destructeurs. Les traités et conventions internationaux signés par ses prédécesseurs dans différents domaines subissent des contestations et de sérieux revirements.

    Ne retenant comme valeurs politiques que le respect des promesses électorales, Donald Trump se retrouve nez à nez avec les intérêts stratégiques de la grande puissance. Par imprudence ou par manque de conscience, il porte un coup fatal au prestige de l’Amérique. Son rôle de leader mondial respecté s’est envolé. Il ne se prive nullement à mettre à mal ses alliés les plus fidèles ou même à se ridiculiser en portant atteinte aux intérêts stratégiques de son pays. Le risque de confrontation directe avec l’un ou l’autre de leurs alliés n’a jamais atteint son niveau actuel. Même la confrontation militaire entre alliés au sein de l’OTAN ne fait plus partie, aujourd’hui, de l’imagination.

    La simplicité d’esprit conjuguée avec la mégalomanie trahit souvent leur auteur, notamment, en le faisant réagir d’une manière instinctive, sans réfléchir ni aux mots choisis ni aux conséquences que pourraient provoquer ses déclarations. Son ressentiment d’être le chef d’état le plus puissant de la planète l’aveugle et le rabaisse, malgré lui, chaque jour d’un cran. La satisfaction du Président, exprimée clairement au début de la crise, au sujet du blocus du Qatar par ses voisins arabes aux lendemains de sa visite en Arabie Saoudite, suivie quelques semaines plus tard d’une prétendue médiation entre les belligérants, montrent le caractère hypocrite de l’homme.

    Nous sommes bien loin de l’Amérique modèle qui fait rêver ou de la démocratie exemplaire qu’on désire imiter.

    Voulant donner un sens concret aux slogans de campagne qui lui avaient valu sa victoire inespérée, il finit par trébucher à chaque pas et à ses conseillers et ministres de corriger les dérapages qui propagent une odeur nauséabonde typique de l’extrême droite.





    Donald Trump, orgueilleux et mégalomane
    exhibe sa signature au public.

    « America first » s’est très vite transformé en « white America first ». Le racisme que le monde pensait enterré à jamais ou faire partie d’une époque révolue, refait surface et même d’une manière fracassante. Le leurre émis par les deux mandats successifs du premier président noir de l’histoire du pays, n’a été finalement que d’une courte durée et l’ouverture à l’autre qu’une parenthèse dans l’histoire raciste du pays. D’ailleurs, la propagande permanente de Trump en vue de discréditer son prédécesseur, de même que le démantèlement de tout ce que celui-ci avait érigé durant ses 2 mandats, ne sont-ils pas qu’une expression de la haine ségrégationniste à son égard ?

    « America first » s’est traduit concrètement par le désengagement de l’Amérique de tout ce qui lui fait dépenser quelques dollars, soit en guise de cotisation d’appartenance à une organisation qui lui sert généralement de moyen de contrôle sur celle-ci ainsi que sur ses membres, soit comme aide « humanitaire » à certains pays pauvres pour leur imposer ensuite des exigences et des ordres. Ainsi, un pacquage composé, pêle-mêle, de la construction de murs physiques ou psychologique entre l’Amérique et les autres pays, de l’éloignement des résidents musulmans et hispaniques, du désengagement d’un ensemble de conventions internationales parmi lesquelles la COP21 sur le climat ou la convention sur le nucléaire iranien, s’est dégagé.



    Ses déclarations intempestives parsemées de contradictions flagrantes avec celles des membres de son équipe dirigeante ont fait de lui le président le plus impopulaire des Etats Unis depuis plusieurs générations voire même depuis leur déclaration d’indépendance. Pire encore, jamais un président n’a été soupçonné d’être malade mental à un tel point qu’une mise au point sur sa santé physique et mentale ait été prescrite. Les résultats auraient été en faveur du président.

    D’un autre côté, les nombreux défauts dont souffre le président ne devraient en aucun cas occulter les quelques points positifs en faveur du président. Ce dernier dispose de certains atouts et ils ne sont pas des moindres lesquels, peut-être, ont été à l’origine de sa victoire. Malgré ses multiples déclarations provocatrices dans de différents domaines, ayant soulevé beaucoup d’indignations dans les différentes sphères de la société et qui auraient du le disqualifier, il arrive à naviguer, contre vents et marrées, et à décrocher une victoire très inattendue.

    Sa combativité qui le dresse, parfois, seul contre tous est sans faille. Il a su affronter, avec succès, les différents sondages qui le donnaient perdant. Les medias qui lui sont hostiles sont mis à leurs places et, du moins jusqu’à présent ils ont été mis hors d’état de lui nuire. Ses décisions impopulaires ayant provoqué la mobilisation des tribunaux ainsi que celle des élus de la nation finissent, tout de même, par passer, peut être sous une version moins choquante et après quelques remodelages.

    Il a su séduire de nombreux américains, notamment avec ses slogans de campagne très flatteurs « Make America great again » qu’on pourrait traduire par « Rendre à l'Amérique sa grandeur» ou « America first » « l’Amérique d’abord », déjouant par là toutes les prédictions des sondages et des analystes de tous bords. D’ailleurs, malgré sa confiance apparente qu’il avait affichée tout le long de sa campagne, selon certains de ses proches, lui-même ne s’attendait pas et ne croyait pas à sa victoire.

    Le respect de ses promesses électorales est incontestablement l’un des traits les plus positifs que pourraient lui reconnaître ses électeurs. Il ne se gêne pas de se mettre le monde entier à dos afin de satisfaire son électorat. Son défi permanent des valeurs sociétales, reconnues par toutes les communautés, émerveille son public restreint qui le considère comme un héro.



    L’année 2017 a marqué aussi le 100ème anniversaire de la déclaration de Balfour qui promettait aux juifs l’octroi d’une partie de la Palestine, alors sous occupation britannique, pour y ériger un état à eux. 30 années après cette déclaration, le projet a été réalisé en plein cœur du monde musulman et du monde arabe. Après 70 années de judaïsation des terres et d’épuration ethnique des terres colonisées, Trump pose un autre affront à la communauté internationale et surtout à la nation musulmane avec sa déclaration de Jérusalem capitale de l’état sioniste, faisant fi de toutes les considérations historiques.

    Si Trump a osé dépasser cette ligne rouge établie par les musulmans c’est parce qu’il se sentait soutenu et il n’avait rien à craindre ni à perdre. Les Arabes qui auraient pu empêcher une déclaration si provocatrice ou qui auraient pu libérer leurs terres de l’occupant se retrouvent dans la même situation de faiblesse et de division où ils se trouvaient il y a cent ans, lors de la déclaration de Balfour. Cette déclaration n’avait-elle pas été préparée en coordination avec eux ? D’ailleurs, la complicité de certains régimes corrompus dans la spoliation des terres palestiniennes n’a jamais cessé. Pire encore, quelques mois plus tôt, un financement de quelques cinq cent milliards de dollars de la part des « protecteurs des 2 lieux saints », dont certainement une bonne partie trouverait sa route vers le financement de la démolition du 3ème lieu saint de l’Islam et l’édification du temple de David à la place. Ces généreux donateurs tentent finalement de récupérer ces montants en rackettant leur propre population et en semant le chao dans leur propre pays.



    Arthur James Balfour, ministre
    des affaires étrangères de Grande Bretagne
    et sa déclaration de 1917, permettant au mouvement
    sioniste la création d'un état juif en Palestine..


    Quant à la déclaration même qui a créé un grand émoi à travers le monde, a-t-elle apporté quelque chose de nouveau au statut de la Palestine ou de Jérusalem ? Pratiquement rien ! Tout était bien connu depuis des décennies sauf pour les aveugles et comme le dit le Coran « ce ne sont pas les yeux qui s'aveuglent, mais plutôt les cœurs dans les poitrines » ou les débiles qui ne comprennent rien d’autre que leurs besoins primaires relatifs au ventre et à la procréation, les mêmes que chez tous les animaux. Toutes les armes avec lesquelles les propriétaires des terres sont éliminés systématiquement sont américaines, sans parler des centaines de fois où les Etats Unis utilisent leur droit de véto pour faire échapper les criminels, non pas de la punition qui n’est jamais au programme mais seulement d’une condamnation verbale pouvant conférer un quelconque apaisement aux victimes mais qui ne change rien dans la réalité.

    La déclaration de Trump a le mérite d’avoir clarifié l’hypocrisie d’une communauté internationale qui feint de soutenir l’option à 2 états alors que rien n’a été fait pour arrêter la colonisation effrénée des territoires palestiniens. La condamnation, du bout des lèvres, de cette colonisation se retrouve compensée par le soutien, très peu dissimulé, à raison de gros investissements, l’affaire de DEXIA menant à sa faillite ne date pas depuis longtemps.

    Donald Trump a aussi le mérite d’avoir entr’ouvert les yeux de ceux qui, défiant tous les réalismes et tous les pragmatismes, avaient passé leur vie dans des négociations, non seulement stériles et inutiles mais soutenant, d’une manière ou d’une autre, les lois racistes qu’un état illégitime, se considérant au dessus de toutes les lois, promulgue avec le soutien des états « démocratiques » et « respectueux des droits de l’Homme ». Ceux-là finissent par comprendre que les Etats Unis ne sont pas un intermédiaire neutre dans ces négociations et ne sont nullement un arbitre œuvrant pour la justice et l’équité.

    Quant à l’option de 2 états en Palestine occupée avec comme capitale commune Jérusalem ; pour l’un Jérusalem-Est et pour l’autre Jérusalem-Ouest, comme voulu par le projet Onusien de partage du pays entre arabes et juifs de 1947, elle s’est évaporée depuis la défaite des arabes de 1967. La trahison internationale où ne se trouvent pas impliquées seulement les USA mais bien d’autres encore, a rendu caduque le partage décidé par l’ONU. Il est surprenant de voir chaque jour des parties importantes des terres palestiniennes spoliées par les sionistes au vu et au su de tous, d’entendre régulièrement de la part des responsables sionistes qu’il n’y aura jamais d’état palestinien sur cette terre qu’il considère la leur, et malgré cela continuer à se berner soi-même par des paroles qui ne veulent plus rien dire !



    Evolution de la judaĂŻsation de la Palestine
    depuis 1946, la veille du partage des territoires
    par l'ONU, entre arabes et juifs.

    Ce qui est encore plus surprenant c’est l’absence de lassitude de la part de ceux qui ont sacrifié 25 années de leur vie dans ces négociations sans fin et sans but défini. Malgré qu’ils aient été contraints d’avaler pas mal de couleuvres sur leur parcours et qu’ils finissent par la force des choses par reconnaître leur échec, ils se disent prêts à recommencer sous la coupole d’un autre garant en prospection. Y aura-t-il un jour un point final à ces négociations biaisées, alors que les sionistes ont pris toutes les mesures concrètes pour qu’il n’y ait plus de territoire pour un état viable ? A vous de juger selon l’évolution de la carte de Palestine ci-dessus!

    D’ailleurs, l’affaire palestinienne demeure-t-elle encore la première préoccupation des pays arabes ? Rien n’est moins sûr, surtout à l’heure où l’on se bouscule sur le portillon de l’état sioniste afin d’obtenir la bénédiction de ceux qui jusqu’il y a peu étaient considérés comme des envahisseurs, des agresseurs et des ennemis. Aujourd’hui, les accords d’amitié foisonnent et ne sont même plus en dessous de la table. Des arrangements de territoires sont également opérés en leur faveur. Ne parle-t-on pas, de nos jours, de l’option de l’établissement d’un état palestinien sur la péninsule du Sinaï en contrepartie du désistement de la Palestine, y compris Jérusalem, aux sionistes ? Et qu’en penser des transactions compromettantes qui ont lieu dans les eaux de la Mer Rouge ?

    L’année 2017 a vu naître aussi une réorganisation des alliances internationales, non sans relation avec le phénomène Trump. En plus du mépris et du retrait unilatéral à l’égard des traités internationaux signés par le précédent occupant de la Maison Blanche, les dégâts de la politique de Trump sont tous azimuts. De nombreuses organisations internationales, toutes alliées des Etats Unis, ont subi des dommages qui risquent d’être irréversibles. Parmi celles-là, citons à titre d’exemples non exhaustifs, la Ligue Arabe, le Conseil de Coopération du Golfe, l’Organisation de l’Atlantique Nord (l’OTAN), l’UNESCO et bien d’autres. La dislocation du Conseil de Coopération du Golfe au bord du conflit armé, le putsch contre l’ancien prince héritier saoudien, la perte de confiance entre les membres de l’OTAN où le risque de confrontation devient plus que probable, la sortie de l’Amérique de l’organisation de l’UNESCO, pour ne citer que ceux-là sont autant de traces portant le sigle de la nouvelle politique américaine.

    En revenant à ses slogans de campagne électorale, Donald Trump use de toute son ingéniosité, qui n’est pas extraordinaire, pour réaliser « America first » et mettre les intérêts de son pays au dessus de tout. Pour lui, cela devrait passer par le désengagement de son pays de tous les accords internationaux où il n’arrive pas à percevoir cet intérêt. Cette vision très réductrice des choses le conduit à adopter des comportements hâtifs, souvent sans concertation, qui finissent par retourner contre lui, tant du point de vue économique que stratégique.

    Enfin, après une année de pouvoir, où en est le slogan « make America great again » ? L’Amérique a-t-elle retrouvé sa grandeur avec Trump ? Rien n’est moins sûr.





    Le vote de l'Assemblée Générale de l'ONU, à une écrasante majorité,
    pour le rejet de Jérusalem capitale de l'état hébreux,
    malgré les menaces de Trump à l'égard des pays rebelles.

    L’Amérique de Trump n’a plus d’autorité que sur les plus faibles. Les Etats Unis n’arrivent plus à convaincre leurs partenaires de la validité de leurs décisions mais, à l’image des organisations et des pays terroristes qu’ils soutiennent, ils apprennent à user de la carotte et du bâton pour amadouer leurs adversaires. Ainsi, le 8 décembre 2017, le Conseil de Sécurité de l’ONU se réunit en Urgence et rejette la déclaration de Trump sur Jérusalem à 14 voix sur 15, et donc la décision a été rejetée avec le véto américain. L’isolement des Etats Unis apparait encore plus prononcé lors de l’assemblée générale de l’ONU du 21 décembre 2017 où la déclaration de Trump a été rejetée par 128 pays contre 9 malgré les menaces proférées à l’avance par l’administration américaine de couper les aides financières aux pays rebelles.

    Les négociateurs de service sont sommés de reprendre leur besogne et d’accepter un médiateur dévoué corps et âme à la partie adverse, sous peine de se voir couper les vivres à la population palestinienne. Cette dernière doit sa survie à l’aide américaine de quelques 300 millions de dollars par an. Comparée aux 500 milliards que Trump a empochés lors de son voyage à Ryad, cette aide ne représente qu’une goutte dans l’océan. Le tableau de Léonard de Vinci acquis pour la modique somme de 450 millions de dollars aurait pu compenser l’aide américaine pour une année et demi.



    Comme précisé précédemment, l’Amérique n’est plus le paradis qui fait rêver ni la puissance de feu qui fait peur et à laquelle on n’ose pas se mesurer ou qui peut se permettre de faire ce qu’elle veut. Kim Jong Un de la Corée du Nord a pu continuer ses essais nucléaires malgré les menaces de frappe proférées par Donald Trump et soutenues par l’envoi, en avril 2017, du porte-avions Ronald Reagan vers la région. Voyant le danger très élevé, le porte-avions et la flotte qui l’accompagnait reçoivent l’ordre de changer de direction et de s’éloigner de la région. D’autres exemples peuvent être évoqués montrant que l’Amérique de Trump ne retrouve pas sa grandeur mais elle dégringole et se retrouve parmi les pays voyous qui soutiennent et entretiennent les dictatures, qui ne respectent pas leurs paroles et qui n’ont aucun souci pour le respect des droits de l’Homme.

    Tout cela, c’est ce que l’année 2017 nous avait révélé. Que nous réserve l’année nouvelle, qui est tributaire déjà, d’un lourd héritage? Les tensions au niveau international sont à leur paroxysme. Les menaces de déclenchement d’une guerre mondiale n’ont jamais été si élevées, depuis des décennies. Kim Jong Un n’avait-il pas affirmé que le bouton nucléaire était tout le temps sur son bureau faisant éclater la réaction de Trump en affirmant que lui aussi disposait d’un pareil bouton et que le sien était bien plus grand que le bouton coréen. La grandeur de celui-ci rime-t-elle avec efficacité plus grande ou plutôt avec le caractère obsolète de son bouton vu que l’avancement de la science s’accompagne par la miniaturisation de la technologie et non par l’augmentation de la taille ? La réponse qui vient finalement confirmer nos soucis sur l’efficacité du bouton de Trump tombe ce mardi lorsque le Président appelle dans son discours sur l’état de l’union à la nécessité de rénovation de son arsenal nucléaire.

    L’année 2018 s’annonce très dangereuse. Beaucoup de signaux révélateurs virent au rouge. Tout présage à plus de destruction dans le monde arabe. Certains pays jusqu’ici préservés des dévastations de la guerre sont en passe de basculer dans l’abime de l’inconnu. L’instabilité gagne aujourd’hui certains pays du golfe qui mènent une répression sans précédent contre leurs populations. Le Yémen, déjà en ruine, s’enfonce chaque jour d’un cran dans une guerre sauvage qui ne définit ni ses buts ni les différents adversaires. En Egypte, le spectre d’un renversement du régime de Sissi par les militaires ne paraît pas éloigné surtout avec l’élimination systématique de tout candidat qui veut se porter rival au président pour les prochaines élections.

    De nouvelles alliances militaires contre nature sont en train de se constituer. Certains pays du Golfe dont l’Arabie Saoudite, l’Egypte et l’état sioniste, se mettent en coalition dans l’objectif de mener une guerre contre l’Iran. Si une pareille stupidité arrive à se concrétiser, c’est toute la région qui sera réduite en cendres, les grandes puissances n’en seront pas épargnés. Par ailleurs, qui, de Trump et Kim Jong Un, va oser appuyer le premier sur son bouton nucléaire pour déclencher un conflit dont on ne pourrait imaginer les conséquences ? Enfin, Donald Trump va-t-il renoncer à la provocation de ces alliés ou y aura-t-il une confrontation avec certains d’entre eux ? Les pays du Golfe vont-ils se réconcilier entre eux et préserver la stabilité de ce qui reste du monde arabe ou bien vont-ils se lancer dans les méandres du hasard, dans une région très explosive ?

    L’année 2018 sera décisive aussi pour le président américain même. Ce sera l’année de la confirmation de son mandat de 4 ans ou de son abrogation prématurée, selon les résultats de l’enquête du procureur Robert Mueller sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles américaines. Dans un cas comme dans l’autre, le Président est assuré de passer beaucoup de mauvais moments et son parti d’essuyer une défaite cuisante dans les élections de mi mandat.

    Cette année est aussi une année électorale en Belgique. Ce seront les communales et les provinciales prévues pour le 14 octobre 2018. Ce seront les élections test pour les régionales, les législatives et les européennes qui auront lieu en mai 2019.

    Les musulmans ont grand intérêt à ne pas continuer à gaspiller ces occasions précieuses, nécessaires pour la préservation de leurs valeurs et de leurs intérêts. Tout le monde observe avec inquiétude une démoralisation inquiétante de la politique. Pourrait-on parler d’une dérive au niveau des valeurs humaines et éthiques. La désapprobation de ces dérives est générale. Cependant, celle-ci ne se traduit que par des plaintes verbales et un désengagement de la politique qui va en croissant et qui pourrait être vu comme une fuite de responsabilité.

    Comme tous les autres citoyens, les musulmans se doivent de contribuer au changement de notre pays vers le meilleur et non vers le pire en apportant leur expertise et en partageant leurs idées. Il en va de la préservation de leurs valeurs et de l’amélioration de l’avenir de leurs enfants. En leur absence, il y aura d’autres qui planifieront pour eux et décideront à leur place d’un mode de vie qui pourrait ne pas leur convenir et à ce moment il serait inutile de se plaindre !

    Sur ce souhait ou cette résolution, le Conseil Supérieur des Musulmans de Belgique vous souhaite de passer une très bonne année 2018 où tous vos vœux seront réalisés.


Auteur : Mohammed Said


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